Comme la plupart d’entre vous, j’ai débuté l’année 2020 remplie d’espoir. Avec quelques projets de voyage en tête, pas trop de contrats en vue, mais la croyance que mon année serait remplie de belles surprises et de destinations exotiques. J’avais les deux pieds dans le sable au lever du soleil, sur une plage de Puerto Morelos au Mexique et, avec quelques salutations au soleil, j’envoyais dans l’univers des pensées positives pour cette année qui débutait.
J’avais prévu aller aux Seychelles en mars grâce à une erreur de prix (lisez mon article sur comment trouver des billets d’avion pas cher), puis faire un road trip en Oregon. Le 13 mars 2020, mes contrats sont, un à un, tombés à l’eau, puis mes voyages ont été annulés. Soudainement, je n’avais plus aucun avenir à court moyen terme. Pour la première fois depuis mes 14 ans, je me suis retrouvée sans boulot.
Alors qu’on demande toujours « plus de temps » a l’univers pour pouvoir accomplir certains projets personnels (écrire un livre, écrire plus d’articles pour ce blogue, voyager plus), le fait de me retrouver devant un avenir incertain, sans pouvoir même profiter de cette pause pour vivre ma passion des voyages, j’ai eu l’inspiration complètement coupée. Comment écrire alors qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait? À quoi bon se lever le matin si on ne peut même pas voyager de nouveau? Au début, j’avais la certitude (ou l’espoir) que cette crise serait terminée en juin. J’avais besoin de me raccrocher à une date, à un moment où je pourrais « recommencer à vivre ».
Se réinventer
Puis les remises en question se sont succédées alors que la ligne d’arrivée semblait s’éloigner de jour en jour. Moi qui œuvre dans les domaines de la production télé et dans le domaine touristique, que devrais-je faire de ma vie alors que ces deux milieux étaient durement touchés sans espoir de renaître de leurs cendres de sitôt?
Dans le passé, j’ai travaillé en hôtellerie, puis ensuite en communications… ce n’étaient soudainement pas les branches les plus prometteuses. Comment se « réinventer » quand tout ce que tu as fait dans la vie, c’est de travailler dans des domaines qui sont mis sur « pause »?
J’ai mis quelques mois à me sortir de cette noirceur. Mois pendant lesquels j’errais sans but dans mon appartement et dans mon quartier à la recherche d’un petit quelque chose auquel me raccrocher. Je ne voulais PAS me réinventer. J’ai quitté mon emploi stable en entreprise il y a un peu plus de 3 ans pour faire exactement ce que je voulais faire: écrire, produire de la pub et des émissions de télé et voyager… toujours voyager plus. Je ne voulais PAS faire autre chose. J’ai mis tant d’effort à avoir cette vie, le fait de devoir abandonner tout ça, pour un « maudit virus », c’était non. Je me suis entêtée à ne pas vouloir changer, à ne pas m’adapter.
Pour être honnête, j’ai été déçue de moi-même... j’aurais aimé être de ceux et celles qui s’entraînent comme des fous et se refont un body, ou de ceux qui sauvent des vies, ou de celles qui font du pain, qui écrivent leurs mémoires…Mais non. J’ai été de ceux et celles qui fixent le plafond en « attendant » que ça revienne. Juste l’écrire, j’ai honte, mais bon… ça l’air que ça ne se contrôle pas. Jamais au grand jamais je n’aurais cru être cette personne qui sombre dans la noirceur devant un tel événement de vie. Il faut croire qu’on n’est pas tous aussi forts qu’on voudrait l’être.
Entre deux vagues
Puis est arrivé le mois de mai et on pouvait enfin commencer à planifier sortir de notre quartier et voir « du pays » chez nous. Juste ça, juste cette possibilité-là, m’a redonné espoir, m’a remis sur les rails, avec la possibilité de rêver de nouveau. J’ai commencé à me planifier un petit road trip en Gaspésie (comme tout le Québec finalement!) avec une amie prof qui allait bientôt être disponible à temps plein pour visiter le Québec elle aussi.
L’appel du Québec et de la nature
Jamais je n’étais allée en Gaspésie et TOUT le monde m’en parlait…un peu comme les Îles de la Madeleine dont j’avais tant entendu parler avant de m’y rendre. Le Québec, c’est loin d’être un prix de consolation…et j’aurais ENFIN le temps de le visiter cette année. Planifier ce petit road trip, sans toutefois savoir s’il était possible de le réaliser, m’a fait le plus grand bien. C’est à ce moment-là que je me suis rendue compte que ma vie depuis les 6 dernières années se vit de voyage en voyage… et que c’est ainsi que je veux continuer à la vivre.
Comme plusieurs d’entre vous aussi, la nature a été mon échappatoire. Dès le mois de mai, j’ai quitté Montréal pour m’installer chez mes parents en campagne et j’ai profité de la belle nature entourant la vlle de Québec. Randonnée en montagne, marche dans le bois, balade au bord du fleuve Saint-Laurent, pique-nique au coucher de soleil… L’arrivée du beau temps m’a encouragé à voir une lumière au bout du tunnel et surtout, à réduire mon anxiété face aux foules trop nombreuses dans les parcs de la ville.
Puis, j’ai fait le tour de la Gaspésie en deux semaines. À la lumière de mes réflexions à la fin 2019, j’ai pris mon temps, en m’arrêtant plus d’une journée à chaque endroit, en prenant ça « chill », en vivant pleinement le lieu en suivant mes envies. Je n’ai finalement jamais publié mon article sur cette escapade comme à mon retour, l’engouement pour la destination était tel qu’on demandait aux gens d’arrêter de parler de la Gaspésie. Je le publierai peut-être cet hiver, question de vous aider à planifier vous aussi ce road trip qui, malgré mes très hautes attentes, a été tout à fait splendide et me donne, à moi aussi, le goût d’y retourner l’an prochain.
Le boulot reprend
Puis le boulot a repris…à la vitesse grand V vers la fin juillet. À coup de 60 à 70 heures semaines, j’écrivais des textes sur le Québec pour Voyage Voyage, j’étais à la recherche sur l’émission 99 raisons d’aimer Québec (en onde dès janvier 2020 sur Évasion), et je travaillais avec une boîte de production sur des projets pour Jean Coutu et le Centre des Femmes de Montréal. Je disais oui à tout…par peur que ça recommence, par peur de perdre le nord de nouveau, par peur de terminer mon année avec peu de sous en poche pour mes projets voyage. Je n’ai pas vu les mois de septembre à novembre passer.
Aucune idée de ce j’ai fait quotidiennement, je me suis étourdie dans le boulot en rêvant à ces moments où je me plaignais de n’avoir « rien à faire » au printemps. J’avais un but, j’avais des objectifs, et même si j’étais épuisée, ça me faisait du bien de me lever chaque matin avec une belle « to do list » à accomplir. J’aime ce que je fais et 2020 m’aura appris que je ne suis pas prête à changer de métier ni retourner travailler en entreprise sauf si j’en suis obligée. Mais disons que ce rythme de fou serait difficile à garder trop longtemps. J’ai vu mon automne comme « exceptionnel » et non pas quelque chose que je voudrais répéter malgré que j’ai adoré travailler sur ces contrats.
Et les voyages à l’étranger eux?
Ouh là là que je vous mentirais si je vous disais que les voyages ne m’ont pas manqué. Au contraire! Je sais bien qu’un voyage n’entre pas dans la catégorie « essentielle » mais je me suis rendue compte que c’est impératif pour moi de partir, ne serait-ce qu’une fois de temps à autre pour changer du quotidien.
Du FOMO au Travel Shaming
Cette année, on est passé du FOMO (fear of missing out) à envier tous ces gens qui voyagent pour leur boulot ou pour juste poser en bikini sur une plage au Travel Shaming (la honte du voyage). Plusieurs gens autour de moi ont fait quelques escapades sans trop en parler sur les réseaux sociaux de peur de se faire « ramasser » et traiter de tous les noms sur les réseaux sociaux. Je trouve dommage que la compassion du printemps dernier soit devenue une haine envers et contre tous. J’ai passé l’année à rêver planifier mon prochain voyage…où et quand? Je ne le savais pas, mais je devais au moins espérer que cela pourrait arriver plus tôt que trop tard. Oui les gens meurent, oui les gens souffrent, oui les gens se voient refuser des chirurgies et diagnostics graves parce que les hôpitaux débordent. Mais si tu es un accro du voyage comme moi, tu ne peux t’empêcher de rêver de partir… Ce n’est pas par manque d’empathie, c’est surtout à cause de cette urgence de vivre qui nous habite.
Je suis de celle qui pense que voyager « comme avant » n’est pas possible en ce moment, c’est de mettre trop de gens à risque…mais tout n’est pas blanc ou noir. Le gouvernement, en date d’aujourd’hui, rappelle d‘éviter tout voyage non essentiel à l’extérieur du Canada. Tu es décidé de partir en voyage, coûte que coûte, parfait. Alors, quarantaine ou pas à destination, fait un isolement préventif avant de partir et un isolement préventif à ton arrivée (ou test de COVID-19), c’est la moindre des choses pour protéger les populations locales à destination. Fais tes recherches! Les cas à destination et les restrictions ressemblent à quoi?
J’ai beaucoup de difficulté avec les gens qui partent faire du ski dans l’Ouest canadien (même si c’est permis de voyager au pays) ou dans un tout-inclus une semaine. Quelles mesures prenez-vous pour assurer la sécurité des autres? Parce qu’on va se le dire, il est rarement question de notre propre santé cette année (sauf si vous avez déjà un souci de ce côté), c’est celle des autres que l’on veut d’abord et avant tout protéger. Est-ce que votre voyage vaut la potentielle mort ou surcharge du système de santé sur place? Je sais que ce n’est pas tangible. On se fait bombarder de chiffres dramatiques au quotidien, ça nous a désensibilisés à la réalité…mais faites au moins une réflexion et quelques recherches avant de partir, c’est important!
Lisez mon article sur les assurances voyage qui comprennent la COVID avant de partir.
Que réserve 2021?
Je profite d’ailleurs de ce billet de fin d’année pour vous l’annoncer: je quitte pour 2 mois au Mexique après les Fêtes. Je vous entends dire : « Quoi? Après nous avoir dit qu’il ne faut pas voyager? Ça marche pas ton affaire.» Ce n’est pas exactement ce que j’ai dit, j’ai dit de le faire intelligemment…
Isolement avant le départ + test de COVID-19, suivi d’un isolement à l’arrivée (si tout fonctionne comme prévu). Pas d’aller-retour dans des attractions touristiques. Je vais vivre là-bas comme je vis ici : dans ma maison à travailler, avec quelques sorties pour l’épicerie et aller prendre une marche. Sauf qu’au lieu de faire ça à -20, je le ferai à 30 degrés. Selon moi, ça, c’est une façon éthique de voyager en ce moment. Et au fond, ce n’est pas tant un voyage qu’une façon de passer l’hiver autrement. Je connais des gens qui se baladent un peu partout au Québec en ce moment pour le plaisir et d’autres qui font des soupers entre amis. Selon moi, ils sont beaucoup plus dangereux que je puisse l’être à aller m’isoler ailleurs, non? Vous pourrez suivre tout ça sur mes réseaux sociaux en début d’année 2021. Pour la suite…on verra!
2020 m’aura appris que je ne suis pas une super héroïne qui se lève contre vents et marrée pour faire face à une situation aussi grande qu’une pandémie, que je suis plus fragile que je le pensais. Ce fut difficile à accepter pour moi. Cette année m’aura aussi convaincu que mes choix de vie demeurent inébranlables. Je sais ce que je veux, j’ai passé des années à bâtir cette vie et je ferai tout en mon pouvoir pour continuer de vivre de mes passions. Même si ce n’est pas « stable », même si parfois, faire des projets veut aussi dire devoir les annuler. Je sens que je suis plus forte pour affronter l’année à venir même si je n’ai aucune idée de quoi elle sera faite…sauf de masques, de désinfectants et de files d’attente, ça c’est plutôt certain! hihi
Et vous, qu’avez-vous appris sur vous 2020? Je vous souhaite une année 2021 remplie de beaux projets et de positifs au quotidien!