Je ne connaissais pas l’existence de Bira avant que ma sœur, qui a habité en Indonésie, m’en parle afin d’en faire une destination pour nos vacances ensemble. Une pause de mon bourlingage de presque deux mois en Indonésie bien méritée, surtout avec vue sur une mer d’eau cristalline dans un village pittoresque. La plupart des gens préfèrent Bali ou les îles Gili lors de leurs passages en Indonésie ce qui fait que Bira est non seulement idyllique, mais très peu fréquenté, et ça, ça vaut le détour.
Parce que oui, se rendre à Bira, c’est un détour…
Se rendre à Bira
Depuis la capitale Makassar, il n’y a que deux façons de se rendre à Bira, sur la pointe sud-est de l’île : l’autobus et la voiture. Comme l’un prend 2 fois plus de temps que l’autre, j’ai opté pour la voiture, qui sera conduite par mon beau-frère, déjà un peu plus habitué aux règles locales. Bira se trouve à plus ou moins 6 heures de route à travers villes et villages.
Rouler en Indonésie est…comme dire, stressant! D’abord, elle se fait du côté opposé de la route, ce qui est déjà une habitude à prendre. Comme la distance qui nous sépare de Bira se fait en grande partie sur une route secondaire, il va sans dire que les véhicules ne roulent pas tous à la même vitesse et que, si on veut arriver un jour à destination, on se doit de dépasser fréquemment dans la voie inverse alors que le trafic se dirige droit sur nous.
Avez-vous déjà joué plus jeune à « poule mouillée » en vélo? Les deux participants partent chacun de leur côté en se dirigeant à toute vitesse vers l’autre et le premier qui change sa trajectoire perd. C’est un peu comme ça conduire en Indonésie. La peur au ventre, les yeux à demi clos, la main serrée sur la poignée de la portière (en tant que passagère évidemment!) C’est ainsi que j’ai vécu la majorité du trajet.
Sur la route
Pour me détendre, je regarde les paysages défilés par la fenêtre : rizière, culture de thé, montagnes, kiosques de fruits et légumes en bord de route. Je vois défiler le quotidien de bien des gens alors que l’on file à ce qui semble être à toute allure vers ce fameux endroit paradisiaque.
Pour se restaurer en route, plusieurs petits bouibouis locaux offrent du Nasi Goreng, du riz frit, avec ou sans viande. Toutefois, ayant l’estomac fragile depuis mon arrivée au pays, j’évite ces endroits aux allures plus ou moins salubres et me remplit la panse de collations zéro santé achetées au dépanneur. Le repas de ce soir vaudra sûrement l’attente.
Enfin arrivée à Bira!
C’est après ce qui semble avoir été une journée sur la route que j’arrive enfin à une petite guérite. Une quinzaine de minutes plus tard, j’aperçois l’entrée de ce qui sera mon coin de paradis pour 3 jours…eh oui, 12 heures de route aller-retour pour seulement 3 petites nuits ici.
Nini’s Beach Bungalows propose 2 bungalows perchés au bord de la falaise avec vue sur le dégradé de bleu turquoise qu’offre la mer de Flores. La chambre est simple, mais a tout ce dont j’ai besoin : un grand lit, de belles portes vitrées avec vue sur la mer, une salle de bain extérieure, un filet pour se protéger des insectes indésirables et un ventilateur pour éviter d’avoir trop chaud la nuit. Le balcon est officiellement l’endroit parfait où passer ses journées. Avec un hamac et deux chaises de lecture, c’est à l’ombre du soleil plombant que je savoure la vue.
Cette propriété offre sur place des repas faits maison, de la cuisine indonésienne à aux repas plus occidentaux. En contrebas, une plage privée de sable blanc dont l’accès est bien gardé par la paroi abrupte. Ici, aucune rangée de chaises longues, de parasols et de restaurateurs ambulants. Je suis seule au monde avec ma famille, l’un des nombreux avantages de voyager hors saison.
Le soir venu, on nous prépare un délicieux repas que je savoure avec une bière bien fraîche. Bien que l’Indonésie soit un pays musulman et qu’il soit souvent difficile de trouver de l’alcool, Nini’s Beach Bungalow a bien compris que les touristes en vacances apprécient ce délicieux nectar par une chaude journée.
Sur la terrasse du restaurant, j’admire la boule de feu plonger dans l’eau. Quelques heures plus tard, c’est à ce même endroit que je m’émerveille à la vue du ciel étoilé, loin de la pollution lumineuse des grandes villes indonésiennes.
Petite note : il n’y a pas de climatisation dans la chambre, qu’un ventilateur sur pied, et la salle de bain est ouverte sur le monde extérieur…ça peut occasionner certaines rencontres avec la faune locale 😉
Au réveil, je pousse le rideau et j’ai le souffle coupé. J’avais oublié à quel point la vue est incroyable. Il est encore tôt et la chaleur est déjà très présente. Une baignade avant le premier repas de la journée me fait le plus grand bien.
Quoi faire à Bira
À Bira, les activités ou visites culturelles sont plutôt limitées. Les voyageurs viennent ici pour la plongée, l’apnée, et pour le farniente loin des destinations trop touristiques d’Indonésie. Mon plan pour la journée : me baigner dans la mer chaude, me prélasser sur le sable, faire des châteaux de sable avec mon neveu, lire et faire la sieste. Je n’ai pas envie de quitter Nini’s pour manger ou découvrir quoi que ce soit…j’ai tout ce qu’il me faut, juste ici.
Bira est aussi reconnu comme le lieu de fabrication de bateau traditionnelle. Au centre du village, les coups de marteau prouvent que bien des locaux vivent de ce métier. À l’ère de l’industrialisation, il est impressionnant de pouvoir observer de véritables artistes travailler le bois de cette manière.
L’Indonésie et la pollution
Au dernier matin, la vue est toute autre. Les vents ont changé et apporté avec eux une mer de déchets flottants. Cette réalité, tout aussi désolante qu’elle soit, fait bel et bien partie de l’Indonésie. La propriétaire me raconte que quelques jours suivant l’achat de la propriété, la plage était un vrai dépotoir. Devant un tel spectacle, elle s’est mise à pleureur, puis s’est retroussé les manches et a tout nettoyé. Malheureusement, selon la direction des vents, les bouteilles et sacs de plastiques reviennent. La petite plage paradisiaque avait bien triste mine et c’est armé d’une poubelle que ma sœur et moi avons entamée de ramasser ce qui flottait à proximité. La tâche qui semble être sans fin et je m’interroge sur l’utilité de la chose considérant que ces déchets seront sûrement déposés en bord de route pour ensuite retourner dans la mer.
Heureusement, ce n’est pas tous les jours ainsi, mais c’est une réalité à laquelle on doit faire face lorsque l’on voyage en Indonésie, de quoi remettre en perspective cette notion de paradis.
C’est le cœur lourd que je quitte cet endroit. J’aurais aimé y passer beaucoup plus de temps. C’est un peu plus zen que je reprends la route du retour vers Makassar.
Lisez aussi mes articles sur Bali, le Tana Toraja, Jakarta et Yogyakarta!
Trés intéressant