Dans la dernière année, on m’a posé souvent la question sur les réseaux sociaux : comment devenir rédactrice voyage? Il y a plusieurs chemins pour y arriver, mais je vais vous raconter mon parcours et surtout, vous parler de la réalité derrière ce métier qui n’est pas toujours ce qu’il semble être.
Faire de sa passion son métier
J’ai toujours voulu faire de ma passion pour les voyages un métier. Mon rêve de jeunesse : avoir ma propre émission voyage à la télé. À la sortie de mon BAC en Communications à l’Université Concordia, j’étais même partie en voyage avec une caméra avec mon copain de l’époque. On avait fait ce petit documentaire après 4 mois à l’autre bout du monde. Puis, je suis tombée sur la série Departures et plus que jamais je me suis dit que c’est ce que je voulais faire.
Le lien avec la rédaction voyage à date? Aucun! C’est surtout parce que j’avais un grand défaut qui nuisait à ce potentiel métier : j’étais nulle pour écrire en français. Je faisais des fautes, des fautes et des fautes, ma mère en était découragée. C’est peut-être le fait que j’avais étudié au Cégep St.Lawrence et à Concordia en anglais, ou le simple fait que la rédaction ne m’avait JAMAIS intéressée. Je détestais plus que tout écrire, je trouvais ça long… Je préférais de loin la vidéo.
De coordonnatrice de production à productrice
De fil en aiguille, je me suis donc mise à travailler en production télé. D’abord, grâce à mon stage universitaire que j’ai fait à Évasion. Mon rêve, la télé + le voyage! La chaîne produisait à l’époque une émission quotidienne sur le voyage (en studio) et j’ai eu la chance de pouvoir essayer différents postes sur cette production. À ce jour, je côtoie encore des gens que j’ai rencontrés sur ce plateau. (Coucou Mélanie, Isabelle-Marjorie, Marie-Julie, Jean-Michel!)
Puis j’ai travaillé en créativité média, ce qui était relativement nouveau à l’époque. La créativité média est une façon de transformer les publicités traditionnelles en formats créatifs plus excitants, plus connue comme du « contenu de marque ». J’ai donc fait des mini séries créatives pour des clients, mais aussi de la publicité traditionnelle entourée de réalisateurs, directeurs photo, directeurs artistiques et monteurs formidables. C’est un peu là que je me suis rendu compte que j’étais bien bonne pour rassembler les meilleurs des meilleurs pour une production, mais je n’avais pas le talent pour faire tout ça moi-même (je n’allais PAS devenir une You Tubeuse!).
Avec les années, je suis passée de coordonnatrice de production à chargée de projets à productrice pour 2 grandes compagnies médias du Québec.
Les voyages
À travers tout ça, j’ai continué de vivre ma passion à fond : les voyages. Entre le métro, le boulot et les dodos, j’avais entre 2 à 4 semaines de vacances avec les journées fériées pour explorer la planète. Mes amis, ma famille, mes collègues me demandaient souvent mes conseils pour une destination, mes trucs pour économiser en voyage, mes astuces pour faire une valise de manière efficace ou me demandaient même si on pouvait partir ensemble.
J’ai commencé à cumuler beaucoup de courriels de conseils, d’itinéraires, de suggestions de bonnes adresses sur mes voyages en Australie, en Californie, au Mexique et au Pérou avec les années. Puis, j’ai commencé à lire des blogues comme celui de Yulair. Une annonce est parue comme quoi l’équipe cherchait des gens pour écrire sur leurs expériences voyage et j’ai tenté ma chance. Ce n’était pas rémunéré, mais j’avais le goût de partager mes récits, et de toute façon, j’avais déjà un travail. Je me suis aussi mise à écrire pour le site Voyage Voyage (maintenant NoovoMoi) qui appartenait à la compagnie média pour laquelle je travaillais. Mes textes ont été publiés, appréciés, et on m’en demandait plus.
*Petite note que ma maman corrigeait mes textes qui avaient encore beaucoup de fautes…mais il y avait amélioration, petit à petit!
Le déclic
Vous connaissez Elizabeth Gilbert? L’autrice derrière Mange, prie, aime? Elle a aussi écrit un livre qui s’appelle « Big Magic : Creative Living Beyond Fear » et ç’a été un déclic pour moi. Elle y raconte un peu son parcours professionnel et comment on se freine souvent dans nos élans créatifs dans la vie. Par peur de ne pas être apprécié, par peur de recevoir des commentaires négatifs, par peur de faire rire de nous, par peur…de tout en fait.
Ma vie professionnelle était faite de tableaux Excel, d’horaires précis, de budgets, de « non », de solutions pratiques…ma créativité, je la vivais dans l’écriture de mes récits voyage. Puis il y a cette phrase qui m’a marqué : évidemment au moment d’écrire ces lignes, je ne retrouve plus mon livre, j’ai dû le prêter à quelqu’un! :p
Je disais donc, il y a un passage qui m’a marqué qui « en gros » disait « est-ce que tu le fais pour l’argent ou tu le fais parce que tu aimes ça? », parce que la pression de faire quelque chose pour avoir un toit et de quoi manger sur la table freine souvent la créativité et aussi, perd de sa magie. À la lumière de cette lecture, je me suis dit: pourquoi ne pas partir mon propre site web, mon blogue à moi, sur lequel je peux partager mes récits, trucs, conseils voyage avec ma voix? C’est ainsi que MCGlobetrotteuse.com est né!
Devenir blogueuse voyage
En créant mon blogue, je me suis ouverte à une belle communauté de voyageurs, mais aussi de blogueuses voyage extraordinaires. J’ai assisté à des conférences, je me suis inscrite à plusieurs formations sur le blogging données par mon amie Jennifer Doré Dallas du blogue Moi, mes souliers, et je me suis achetée un billet pour un grand rassemblement de blogueurs voyage francophone qui a eu lieu à Saint-Malo en France en 2017. J’ai pris ma semaine de vacances du boulot pour partir explorer ce nouveau domaine pour moi, rencontrer des collègues, discuter avec des professionnels.
Ça faisait beaucoup de nouvelles choses à apprendre et mon cerveau était stimulé comme ça faisait longtemps qu’il l’avait été. WordPress, réseaux sociaux, taux d’engagement, SEO, CMS, monétisation, plug-ins, RGDP, affiliation, liens no follow…je ne connaissais RIEN de tout ça. Ça été une grande courbe d’apprentissage, et je le répète, tout ça, simplement parce que j’en avais envie, pas pour gagner des sous.
Partir à la pige
Entourée depuis 2 ans de collègues, maintenant devenues amies, à la pige, on tentait de me convaincre de laisser tomber le 9 à 5 pour être pigiste moi aussi. Je pourrais voyager plus, faire mon horaire, décider des mandats sur lesquels je travaille, bref, on me promettait la liberté rêvée pour écrire plus et surtout, partir à l’étranger sans restriction de temps.
Ma tante, qui a passé sa vie à son compte m’a dit : « Quel montant d’argent es-tu prête à « perdre » pour tenter cette expérience d’être pigiste. » J’ai réfléchi à un montant X qui pour moi était le MAXIMUM que je voulais « dépenser » à tester ce mode de vie. Elle m’a dit « voilà, quand tu seras proche de ce montant, tu te trouveras un emploi stable dans un bureau de nouveau, pas avant, tu dois l’essayer, et il y aura TOUJOURS de la job pour toi quelque part. »
J’ai finalement fait le saut. Mon premier jour comme pigiste : le 1er mai 2018. À ce moment-là, je n’ai pas grand-chose devant moi sauf un voyage de presse d’une semaine aux Îles-de-la-Madeleine, voyage que j’ai décidé de prolonger avec Jennifer parce que…pourquoi pas, je n’ai pas de travail.
(À ce jour, je ne me suis même jamais approché du montant que je m’étais fixé comme maximum à dépenser sur mon « expérience de pigiste ».)
Je ne me rappelle plus exactement le nombre de semaines que ça ait pris avant que je commence à avoir des mandats…peut-être 4 ou 6 semaines, puis les courriels sont rentrés, le téléphone a sonné. On me voulait comme productrice, comme coordonnatrice, comme recherchiste sur différents projets, dont certains projets télé reliés à des émissions voyage. Jackpot!
(Je sais vous attendez encore le moment où je vous dis « voici comme je suis devenue rédactrice voyage, mais vous pouvez constater que ce n’est pas un parcours linéaire, du moins, pas dans mon cas!)
Les contacts
Pendant mes 3 ans à l’université, on me l’a répété de nombreuses fois : la clé, ce sont les contacts! Mais « comment se faire des contacts quand on ne connaît personne? », me disais-je du haut de mes petits 20 ans!
Eh bien, ces 15 dernières années, j’ai rencontré beaucoup de gens, je me suis fait des contacts dans différentes sphères, tant en production qu’en rédaction. Comme blogueuse, j’ai pu rencontrer différents offices de tourisme, tant au Québec qu’ailleurs. Aux événements reliés à l’industrie touristique, je croisais encore et encore des gens qui avec le temps sont devenus des amies autant que des collègues.
Le monde de la rédaction, surtout en tourisme/voyage, est très petit au Québec! Au fil des voyages de presse auxquels j’ai été invité, tantôt pour un média précis, tantôt pour mon blogue, j’ai rencontré des personnes du domaine et avaient parfois besoin d’aide. Juste pour un texte, juste pour couvrir les vacances de quelqu’un, juste pour une fois…mais quand on fait bien son boulot, le une fois peut devenir un mandat récurrent dans le temps! C’est comme ça que les contacts fonctionnent…il faut être patient et surtout, entretenir ces belles relations.
Comment je suis devenue rédactrice voyage?
Vous l’attendiez, ce moment où je suis devenue « officiellement » rédactrice voyage! Je crois que je me suis définie comme telle quand j’ai commencé à écrire pour de plus « grands médias ». J’ai vendu mon premier reportage « papier » au ELLE Québec en 2019. Il devait être publié au printemps 2020…comment dire, il n’a jamais vu le jour! ☹
Mais j’ai enfin constaté qu’il était possible de gagner des sous avec la rédaction voyage. Aujourd’hui, j’écris pour les sites web du Magazine Véronique Cloutier, NoovoMoi, TravelPulse, Milesopedia, Tourisme Montréal, pour le magazine Espaces, le Journal de Montréal (web et papier), et parfois, pour d’autres sites et magazines selon les destinations couvertes.
Gagner sa vie comme rédactrice
Est-ce que je gagne ma vie seulement comme rédactrice voyage? Eh non! Malgré les centaines d’articles que je livre dans une année, environ 20%-25% de mon salaire est lié à la rédaction comparée à environ 40%-45% de mon temps annuellement. Le reste de mon salaire, je le gagne en travaillant comme productrice, recherchiste et chargée de projets selon les mandats!
Pourquoi autant de temps? Parce que partir en voyage pendant 7 jours et écrire au retour 2-3 articles sur la destination n’équivaut pas vraiment à un salaire hebdomadaire d’un travail de bureau. Non je ne paie pas pour mon voyage (c’est la partie chouette) et oui je suis payée pour mes articles, mais pour mes articles seulement, pas pour mon temps à destination. Comme les médias n’ont pas beaucoup de budgets pour les pigistes, ils ne peuvent pas non plus fournir l’équivalent d’un « salaire » lorsqu’ils envoient quelqu’un à destination. Alors lorsque je pars une semaine, j’accepte que ce soit une semaine peu payante, mais remplie de belles découvertes et de rencontres surprises. Et c’est toujours gratifiant, même si ça ne remplit pas mon compte de banque autant qu’un autre emploi.
S’inviter ou être invitée
Vous voyez le #invitation ou #voyagedepresse sous mes publications de réseaux sociaux? C’est que parfois, j’ai envie de faire un voyage dans une destination précise et d’en parler dans différents médias. Je communique alors soit la personne responsable des relations publiques, la personne des médias à destination ou un de mes contacts pour voir quel genre d’entente on peut avoir en échange de cette visibilité. Rabais, gratuité, invitation complète, cela dépend de chaque voyage.
D’autres fois, on ne m’invite pas moi, mais bien un média pour lequel je travaille, exemple TravelPulse, et c’est l’éditrice en chef qui m’affecte à ce mandat selon mes disponibilités.
Projets futurs
Je commence cette nouvelle année encore une fois sans trop savoir ce qui m’attend. Autant cela peut être insécurisant autant je me dis que ces dernières années, tout s’est bien déroulé (et oui, malgré la pandémie). J’ai travaillé sur des mandats excitants, j’ai voyagé dans de belles destinations. Je suis m’ouvre donc aux possibilités que me réserve la vie pour 2023!
Des questions sur mon métier? Écrivez un commentaire ci-dessous!
Très bon article 🙂
Merci!!
Bravo tu as un parcours exceptionnel.Tu es une personne qui aime l’aventure et les voyage, alors va- y, suit ton instinct et gâte-toi. Il y aura toujours de la job pour toi , peut importe dans quel coin de la planète.
Tu es très intéressante à lire dans tes blogs.
Continu .
Nicole Morin
Un grand merci pour tes bins mots Nicole!!!
Mille fois bravo. Tu es exceptionnelle! Tu ne t’es pas laissé influencer par tous les obstacles possibles. J’adore ton parcours. Au plaisir de te lire à nouveau.
J’ai un beau projet de voyage aux Îles de la Madeleine avec un groupe de choristes passionnés en 2024.Je te demanderai certainement conseil. Bonne année 2023 et « bon voyage »
Merci Lise! Avec plaisir pour les îles! Bon début d’année!
Très bel article qui redonne de l’espoir !
Je ne pensais pas à toutes ces perspectives j’ai tapé comment écrire, voyager et gagner sa vie en même temps et je suis tombée sur ton article. 🙂
Concernant les médias dont tu parles aurais-tu des conseils pour en trouver ?
Bravo pour ce très beau parcours en tout cas 🙂
WoW! Très bel article que j’ai lu avec attention du début à la fin. Je suite présentement en train de regarder pour un métier qui me permettrait de voyager, de découvrir différentes cultures tout en partageant mes expériences. Ton article m’a démontré qu’il y a de l’espoir. J’aimerais en savoir plus sur les débuts, sur les formations, les contacts à développer, bref je commencerais à la base. Merci
Bonne chance dans tes démarches Catherine!