J’ai décroché comme jamais sur l’île de Grand Manan. Il y a quelque chose de zen sur une île. Que ce soit les Îles de la Madeleine, l’Île Grosse Boule de Sept-Îles, ou l’île de Holbox au Mexique. Le rythme est plus lent. On n’a nulle part où se rendre vraiment. On vit au rythme des vents et marées.
J’étais impatiente de découvrir l’île de Grand Manan au Nouveau-Brunswick. Pour être honnête, je n’avais jamais entendu parler de ce bout de pays. Il faut dire que c’est quand même beaucoup plus proche de la côte du Maine (15 km) que de celle du Canada (32 km).
Se rendre sur Grand Manan
Pour s’y rendre, on prend un traversier. Pas le genre de petit traversier qui prend 20 minutes. Non non…Celui qui a plusieurs ponts, qui peut embarquer des camions, qui a un casse-croûte, et prend 1 heure 30 minutes pour se rendre à destination.
Alors que je voguais à travers le brouillard de la Baie de Fundy, je me questionnais sur ce que j’allais trouver sur cette île. Je n’avais pas fait grand recherche outre tenter de savoir s’il y avait de quoi se restaurer (j’ai cette constante peur d’avoir faim). Mon réseau cellulaire faisait déjà des siennes en étant soit indisponible ou en prenant pour acquis que j’étais aux États-Unis.
Puis le nez du bateau s’est ouvert, et nous avons roulé vers la sortie. Premier objectif : trouver le centre d’informations afin d’avoir une carte de l’île pour s’y diriger. J’ignorais à ce moment-là que l’hôtesse de notre charmant Island Home B&B nous attendait. J’aimais déjà ce côté « nulle part où aller ». Il a bien fallu rentrer déposer nos valises et en quelques secondes, j’étais sous le charme. Un parfait B&B comme on rêve tous de posséder (d’accord peut-être pas tous, mais moi oui). Une page de magazine, un vrai tableau Pinterest, couronné d’un accueil chaleureux. Nous étions les seules à dormir ici ce soir et avons donc eu le privilège d’aller voir toutes les charmantes pièces de cette grande maison. Je passerais bien 1 mois ici!
Arriver sur l’île
Vient enfin le temps de partir explorer cette île de 34 km de long. Pas trop compliqué, une seule route principale, appelée « autoroute » par ses habitants, on la parcourt du nord au sud. Alors que le brouillard se levait sur la pointe sud, il faisait encore gros soleil au nord. On s’est arrêté à Seal Cove pour admirer ses anciens fumoirs et ensuite s’assoir prendre un café au Newton’s. Ça ne faisait pas 3 heures qu’on était là et déjà, je me sentais à l’autre bout du monde.
Ici, disons que ça paraît quand tu es touriste et ça attire les questions des locaux. Nous avons brièvement discuté avec la jeune fille derrière le comptoir en lui disant qu’on avait trouvé le café sur Instagram. « Ah merci merci! C’est moi qui s’occupe du réseau et j’ai hâte de dire à ma mère que vous nous visitez grâce à ça! » La famille habite au-dessus du café-boutique et laissez-moi vous dire que s’il avait été ouvert le dimanche & lundi de mon séjour, j’y serais retournée.
Puis on a poursuivi notre route jusqu’au bout du bout. On ne voyait pratiquement plus rien tant le brouillard était épais puis, la route s’arrêta. On indiquait bien qu’un phare était ici, mais c’est à peine si on devinait sa silhouette. Il faudra revenir par beau temps.
De retour vers le « nord », la pluie débuta et c’est au PostOffice Pizza qu’on s’arrêta manger. Une autre belle entreprise familiale qui a repris l’ancien bureau de poste et télégramme de l’île pour en faire un restaurant-boutique. On y mange sans chichi, on commande sa pizza et on s’assoit aux quelques comptoirs disponibles. Ça goûte la bonne pizza maison et avec raison. Le propriétaire est sorti de sa cuisine parler à des amis (est-ce que tout le monde se connaît ici?), les mains pleines de farine, le tablier taché de cette poudre blanche. « You like it? » Oui monsieur, c’est bon!
Explorer le nord de Grand Manan
Le lendemain, après un excellent déjeuner (c’est si bon dans un B&B), une balade à bateau nous attendait avec Steve de Top of the Island Tour. Steve est pêcheur de homard de 6egénération. Il connaît l’île, ses habitants, et ses fonds marins. Pour s’occuper l’été, alors que la saison de la pêche est terminée, il a transformé un bateau pour accueillir des touristes. Il nous amène faire le tour de la pointe nord aujourd’hui. On se rend d’abord vers les piscicultures de saumon…du saumon dans la Baie de Fundy? Eh oui! De grandes entreprises se sont installées à même la baie avec des cages bien spéciales pour y engraisser le saumon, un des poissons les plus en demande dans le monde entier. Je trouvais d’abord que c’était une super idée que d’élever des poissons dans leur « habitat naturel » mais Steve nous a expliqué qu’avec les hormones injectées dans leur nourriture, tout l’éco-système de la baie en est affecté 🙁
Puis, il nous a éduqué sur la pêche au homard. Je me pensais déjà pro ayant été à la pêche aux Îles de la Madeleine mais tout est bien différent ici. Les cages sont plus grandes et plus nombreuses, le homard n’est pas sur le même fond rocheux, les bateaux sont plus gros, et il y a deux saisons de pêche au homard par année.
Ensuite, c’est au tour des « pièges » à harengs. Je n’ai pas le terme exact en français mais en gros, une espèce de spirale en filet est créée dans une baie, les poissons y entrent et, ils sont un peu trop stupides pour retrouver la sortie. Un bateau vient ensuite avec un filet les ramasser. Spécial non?
L’heure du retour avait déjà sonné puis, au loin, un petit rorqual nous a fait signe de ne pas quitter tout de suite. En se rapprochant de Indian beach, une plage accessible seulement par bateau où Steve a passé son adolescence avec ses amis, plusieurs rorquals se sont pointés; les premiers de la saison. Alors on a pris le temps de les observer autour du bateau, tantôt de proche, tantôt de loin, parce qu’on avait juste le temps. Puis on est rentré, la musique dans le tapis, le soleil tapant, l’air salin un peu frais.
On a profité de la belle température de l’après-midi pour faire une petite randonnée dans les bois sur la côte ouest, celle que nous avions longée en bateau, pour aller voir le Hole-in-the-Wall, un trou créé par les vagues. C’est au phare Swallow Tail qu’on a terminé l’après-midi. À l’entrée, on a discuté avec une dame qui, pour son 2eété, était de retour sur Grand Manan. Elle avait appris qu’on pouvait être artiste résidant au phare. En échange de tours guidés du phare, et de quelques ateliers artistiques pendant l’été, elle et son mari avaient logis juste ici sur la pointe. Quelle idée fantastique!
Petit problème à l’horizon
Le soir venu, nous avons dû faire face à un problème…L’île n’avait plus d’électricité depuis 10h30 le matin à cause d’un orage la nuit précédente. Je dormais tellement bien dans mon lit douillet que je n’ai jamais entendu la nature se déchaîner. On avait bien entendu dire ici et là pendant notre journée que l’électricité manquait mais là, ça commençait à être un peu problématique parce que, touristes que nous sommes, où allions-nous manger si personne n’avait d’électricité (vous voyez, ma peur est fondée!!)
En arpentant la rue principale, le Compass Rose semblait être ouvert…J’ai tout de suite demandé s’ils accueillaient des gens pour le souper. « Oui oui, mais avant la noirceur, après ça on ferme on n’y verra plus rien ». Donc on a mangé un succulent repas de homard (pas le choix) à 17h30 (!!) à la lumière du soleil couchant. Que faire après avoir mangé quand il n’y a pas d’électricité? Rouler! On a pris la voiture et on a fait pratiquement toutes les petites rues sur l’île. Une plage ici, une autre plage là, un marais de ce côté, et le coucher de soleil, à la pointe sud de l’île. Bien que le phare du sud ne soit vraiment pas beau, le coucher de soleil, lui, était au rendez-vous.
L’électricité est revenue à 4h00 du matin.
Dernier jour sur Grand Manan
Notre dernière journée sur l’île était déjà arrivée…nous qui pensions nous ennuyer! Après un délicieux déjeuner, un achat spontané de beignes maison au kiosque en face du B&B, on a marché, puis on s’est installée au Old Well House Café pour travailler un peu…C’est bien beau la zénitude, le travail continue de s’empiler!
Sur le traversier du retour, j’ai passé un certain temps sur le pont. J’admirais le phare de Swallow Tail disparaissant tranquillement, puis un jet d’eau a attiré mon attention. Un grand rorqual m’offrait un dernier spectacle avant que l’île ne disparaisse complètement.
Vous parcourez le sud du Nouveau-Brunswick? Consultez mon itinéraire détaillé! Et tant qu’à être dans cette belle province, rendez-vous vers le nord pour rencontrer les Acadiens à l’accent sympathique.
Cet article a été écrit suite à un partenariat avec Tourisme Nouveau-Brunswick, une campagne de Voyage numériQC. Mon expérience demeure authentique.
Très belle découverte! Je ne connaissais pas l’existence de cette île … Je mets ça sur ma liste!